Il y a 60 ans, dix-sept pays africains accédaient à l’indépendance, faisant de l’année 1960 la première étape vers une émancipation totale du continent, qui a été colonisé, esclavagisé, mis en coupe réglée par les grandes puissances européennes pendant de nombreux siècles. Cambridge University Press, 2015. 27 Pour la distinction, voir Edmond Keller, « Afro-Marxist Regimes ». De l’élection à la démocratie en Afrique (1960-2020), par Pierre Jacquemot. Ainsi, « les réformes politiques préconisées par [la conférence de 1944] de Brazzaville restèrent extrêmement limitées ». Ces mobilisations convoquées par des mouvements citoyens, réunissant les forces sociales, politiques et religieuses, font évoluer l’organisation de la vie politique, « en créant de nouvelles règles de jeu, en évinçant les dictateurs les plus violents et en élargissant le spectre des possibles », écrit Pierre Jacquemot. À ces types s’ajoute un quatrième, la revendication démocratique, que nous laissons de côté toutefois pour le chapitre 7. Dans certains d’entre eux, les oppositions naissantes conduisirent des campagnes en faveur de réformes et permirent l’entrée en scène de nouveaux dirigeants, grâce à des élections pluralistes. L’Afrique est souvent présentée comme un bastion de régimes autoritaires et dictatoriaux. Par exemple, selon la conjoncture, il active certaines ressources rentables et déclasse celles devenues désuètes. Ce fut notamment le cas des anciennes colonies françaises et britanniques. Le colonialisme était motivé par des intérêts commerciaux et géopolitiques, et fut imposé par la force. ), L’Afrique en transition vers le pluralisme politique, Paris, Économica, 1993, p. 16. Certes, ce chiffre, qui s’élevait à 72% en 2012, est en baisse, mais révèle toujours une adhésion massive aux principes de la démocratie électorale. Ces configurations ont eu des impacts sur la nature des régimes qui en sont issus. 29Si le principe du « droit des uns à contraindre les autres » qui fonde l’existence d’une relation de pouvoir ne pose pas de problème (en dehors peut-être de quelques sociétés acéphales comme celles des pygmées), les autres niveaux de légitimité manquent aux régimes ci-dessus. 1, no 3, 1981, p. 71. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 1965, Joseph-Désiré Mobutu est resté 32 ans à la tête de la République démocratique du Congo (anciennement le Zaïre). Ils introduisent ainsi une formule d’inclusion politique non élitaire32. La Suisse et l Afrique du Sud, 1945-1990: Marché de l or, finance et commerce durant l apartheid: Bott, Sandra - ISBN 9783034010917 37User de la force et de l’argent ne suffit cependant pas à maintenir la domination. D’autre part, il faut échapper à la grande instabilité des régimes dans le temps et dans l’espace, puisque chaque pays peut connaître plusieurs régimes sur des périodes de temps relativement courtes. « Depuis 1990, six cents élections présidentielles et législatives se sont tenues dans les 53 pays africains. 21Ce concept problématique de populisme est employé ici en référence, empiriquement, au discours des pouvoirs qui mettent l’accent sur « le peuple » et « le développement à la base » et qui prétendent construire une « démocratie » et « le bonheur pour le peuple ». Pour autant, des résistances existaient, car les travaux sur une diversité de régimes ont montré que même dans les régimes totalitaires, les individus gardent une certaine marge de manœuvre66. La culture du chef, qui caractérise les sociétés africaines traditionnelles, est alors pointée du doigt par les observateurs pour expliquer pourquoi la culture démocratique a tardé à prendre racine dans le continent. 1 - Alors qu’au début des années 1990, l’Afrique se targuait d’avoir seulement trois démocraties sur les 53 pays que comptait alors le continent, aujourd’hui lorsqu’on croise les différents indicateurs de la maturité électorale et ceux de la maturité économique (Afrobaromètres, Freedom House, Mo Ibrahim, et Economist Intelligence Unit) on trouve pas moins d’une dizaine de pays qu’on pourrait qualifier de « démocraties matures » qui connaissent des alternances de partis au pouvoir, des élections libres et transparentes et un parlementarisme actif. 49 Jean-François Médard, « Autoritarismes et démocraties en Afrique noire », Politique africaine, no 43, 1990, p. 99. La décolonisation s’est faite parfois par étapes comme dans les colonies françaises et anglaises où, dès l’après-guerre, l’idée d’une autonomie des territoires commence à être évoquée ; mais elle s’est faite aussi par rupture, comme dans les colonies portugaises et belges où l’idée d’accorder l’autonomie aux territoires africains n’était pas envisagée, ce qui eut pour conséquence le déclenchement de guerres de libération. Pour sa part, M. Khadafi se prétend non pas le président, mais un « simple guide de la révolution » libyenne, le pouvoir étant selon lui entre les mains du peuple. 69 Tiémoko Coulibaly, « La lente décomposition en Côte-d’Ivoire », Le Monde diplomatique, novembre 2002, p. 24. Trente ans plus tard, ces régimes n’ont pas atteint les objectifs qui ont servi à justifier leur existence, et ils ont été une des cibles principales des mouvements de protestation populaires sur lesquels nous reviendrons au chapitre 7. En effet, tel que le montre J. Lagroye, la légitimité est une question qui ne peut pas être réduite à la légalité ou à la « légitimité formelle » des dirigeants et de leurs actes, mais suppose, entre autres, l’acceptation des élites et de la population39. En bref, partout, « les sociétés africaines sont mises en demeure d’inventer les modes d’adaptation aux contraintes d’une crise durable65 ». L’élite dissidente est souvent cooptée par des offres alléchantes alors que l’élite autour du chef peut subir régulièrement une rotation destinée, d’une part, à éviter qu’elle ne devienne suffisamment puissante pour concurrencer le chef, et, d’autre part, à assurer sa fidélité, car perdre son poste ou en retrouver un montre que les faveurs données peuvent être reprises…. Ils affaiblissaient délibérément les institutions – l’armée, l’administration – et la société civile et construisaient des institutions informelles parallèles fondées sur une logique de loyauté personnelle au chef. « La démocratisation par l’élection », qui fut le principal acquis des mobilisations des forces pro-démocratiques au début des années 1990, montre ses limites, avec notamment l’instrumentalisation des scrutins par les gouvernements en place. Il est donc surtout question ici de l’étude des régimes politiques, entendus comme des modes d’aménagement du pouvoir d’État1. ), Afro-Marxist Regimes: Ideology and Public Policy, Boulder/Londres, Lynne Rienner, 1987, p. 1-21. 48La dérision politique (voir chapitre 2) est une manifestation de la manière dont le commun des Africains « participait » au politique clandestinement, à défaut de pouvoir le faire ouvertement en raison du contexte autoritaire de l’époque. Chazan et ses collègues remarquent que ce type de régime comprend aussi bien des pays dirigés par des militaires que par des civils. 17 Jean-François Médard, « Autoritarismes et démocraties en Afrique noire », Politique africaine, no 43, octobre 1991, p. 94. 26 Michael S. Radu et Keith Somerville, « The Congo », dans Chris Allen (dir. 19En dépit de leur variation, les régimes de parti unique apparaissent sur la scène politique en général peu après les indépendances, lorsque deux mythes font leur apparition dans le langage des dirigeants africains : le développement et l’unité nationale17. Elle concerne la fin des années 1970 et le début des années 1980, considérées comme « la décennie perdue » en raison du déclin de l’État durant cette période. « Depuis les années 1990, tous les États du continent ont instauré un processus électoral pluraliste avec la mise en concurrence des candidats, à l’exception de l’Érythrée. 9 Michael Bratton et Nicolas Van de Walle, Democratic Experiments in Africa, p. 77-82. (dir. -P. Daloz et P. Chabal, L’Afrique est partie ! Ainsi, en Guinée équatoriale, le degré de violence et surtout l’arbitraire et l’imprédictibilité du comportement de M. Nguema étaient tels que près de la moitié de la population a été tuée ou contrainte à l’exil. Ce manque provient en premier lieu de ce que Gérard Conac a appelé une « déficience de légitimité institutionnelle42 ». Anniversaire des indépendances africaines. Selon eux, les types de régimes doivent refléter ces aspects souvent latents plutôt que de se focaliser sur les proclamations ou les apparences. 28Le problème de la légitimité a été une donnée constante dans les régimes politiques africains et le demeure encore en dépit des efforts de démocratisation. L’ampleur des répercussions provoquées par ces mobilisations populaires dans l’Afrique subsaharienne ne peut être sous-estimée. 18 Pierre-François Gonidec, Les systèmes politiques africains, 2e édition, Paris, LGDJ, 1978, p. 239. Dans ces pays, la scène politique est restée animée par une pluralité de partis politiques et les citoyens avaient la possibilité, périodiquement, de choisir entre ces partis dans des scrutins compétitifs11. 2Pour comprendre les formes de régimes postcoloniaux africains, il faut revenir aux processus de décolonisation, lesquels, dans la plupart des pays africains, se sont opérés pacifiquement. Pour autant, il est difficile d’établir des césures périodiques claires. C’est ainsi qu’en Côte d’Ivoire, où l’autoritarisme pourtant est considéré comme modéré, éclate : [E]n 1970, la crise du Guébié […]. 31De renversement en renversement, les militaires – troisième caractéristique répandue dans ces systèmes – sont devenus dominants dans la vie politique africaine entre 1960 et 1989. L’évolution politique des anciennes colonies allemandes depuis 1920. 68 Naomi Chazan et al., « State Institutions and the Organization of the Public Arena », p. 54-68. Jean-François Bayart note ainsi que « les situations de contrôle politique accentué, qui dominent en Afrique noire sous les formes des régimes de parti unique, des régimes dits “militaires” des dictatures civiles et des régimes ségrégationnistes n’évacuent jamais complètement l’intervention des groupes sociaux subordonnés67 ». Parmi la panoplie de ressources coercitives utilisées dans les régimes africains de l’époque, les plus courantes sont l’usage de la violence et l’instrumentalisation de la justice. 18L’émergence des régimes de parti unique durant l’âge d’or du développementalisme (voir chapitre 2) explique, avec les coups d’État militaires, l’érosion progressive des régimes pluralistes. 25Comme Elisabeth Wood a pu le montrer, ce régime était fondé sur des logiques irréconciliables, à savoir qu’il entendait reposer sur la main d’œuvre de la majorité noire pour faire fonctionner l’économie et préserver les privilèges des Blancs, tout en continuant à exclure les Noirs du jeu politique38. Ce découpage nous permet, d’une part, de passer en revue les formes de pouvoir issues de l’enchevêtrement des logiques coloniales et endogènes dont nous avons parlé au chapitre 3 et, d’autre part, en préalable au chapitre 7, de faire l’état des lieux des contextes dans lesquels les tentatives de démocratisation ont été engagées dans les années 1990. Il s’agit donc, comme l’ont montré Linz et ses collègues, de régimes dirigés par un homme fort, sans ligne idéologique autre que la détermination à maintenir un pouvoir personnel35.
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